LÉGITIMITE ET EFFICACITÉ DE LA MALÉDICTION DANS LA RÉFLEXION THÉOLOGIQUE MÉDIÉVALE

Etroitement liée et souvent opposée à la bénédiction, la malédiction est une locution qui consiste à souhaiter le mal de quelqu’un (imprecatio mali). Dans la littérature médiévale le thème est abordé à plusieurs niveaux : dans le contexte exégétique, dans les sources narratives, dans les textes liturgiques ou juridiques, dans les discours moraux et en particulier sous le sujets des péchés de la langue. Dans ces textes le problème qui se pose est surtout celui de la légitimité de la malédiction : est-ce que maudire est toujours un péché ? Peut-on maudire légitimement ? Qui a-t-il le pouvoir de maudire ? Dans les réponses à ces interrogations on peut essayer de découvrir un discours sur l’efficacité de la malédiction, dont les bases sont fixées par Grégoire le Grand : l’efficacité de la malédiction est étroitement liée à sa justice. Sur la base de ce principe, on peut expliquer des pratiques de malédiction très codifiées à la fois au niveau liturgique et juridique. Mais on peut aussi montrer que la malédiction coupable est elle non plus efficace, parce qu’elle produit un mal qui reviens sur celui qui l’a prononcée. A partir d’Abélard, la réflexion des théologiens sur la malédiction se concentre sur l’intention des locuteurs, et développe une typologie de malédictions selon des différents degrés de culpabilité qui dépendent des différents mouvements de l’âme.